Récit tendu, entre colère et tristesse, à l’émotion si contenue qu’elle vous étreint, Winter is coming relate, sans faux-semblant, la perte d’un fils. Avec cette sombre acuité de vouloir rendre la joie évanouie, Pierre Jourde livre une confession jamais larmoyante, souvent difficilement soutenable et interroge alors la nécessité d’une parole sur soi.
Mois : novembre 2018
Retraduire Kafka : rendre son journal à son étrangeté, à son aspect d’un travail en cours, à son acheminement vers la description mais aussi le déshabiller des encombrantes lectures précédentes, lui rendre son corps hors la maladie et son inquiétude. En entreprenant une nouvelle traduction, Laurent Margantin offre une approche de Kafka tel qu’en lui-même : déstabilisant et plein, dès son premier carnet, d’éclats descriptifs et d’approches difficultueuses d’en esprit en tension.
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Change-t-on véritablement, la vie que l’on mène n’est-elle pas essentiellement celle que l’on se rêve, ne tient-elle pas à nos illuminations artistiques, nos rêves ou nos si longs adieux à un ami enfui ? Tel qu’en lui-même, parfait donc, Richard Russo entrelace ces questions dans un roman ample et empli d’empathie. Le pont des soupirs décompose sa très jolie histoire dans de curieux jeux de dédoublements et creuse avec toujours plus de finesse les thèmes de l’auteur : l’immobilité, la fidélité, la gentillesse ne nous y définissent qu’en regard d’une fuite égoïste et souffrante.
Assemblage de fiches, de disjonctions, de paroles plurielles, de celles populaires finement captées à celles poétiques discrètement défendues, La cartothèque ouvre une infinie de possibles, joies et peines préservées dans un humour sans acidité ni moquerie. Dans son effacement et dans la grande présence qu’il apporte, Lev Rubeinstein se révèle alors une voix poétique, majeure. Lire la suite « La cartothèque Lev Rubinstein »
Exercice virtuose d’un partage indécidable de la culpabilité, Décompression offre surtout une plongée dans nos retraits du monde, dans ce mensonge ordinaire derrière lequel nous échafaudons le récit de nos existences. Avec une once de froideur Juli Zeh creuse son regard son compromis sur nos capacité à fuir ou à implorer un jugement.