Une conversation, ouverte et feutrée, entre deux grands écrivains allemands. Sans s’opposer Alexander Kluge et Ferdinand von Shirach s’aident mutuellement à éclairer une réflexion sur la tolérance, l’humilité, la justice et les motivations des hommes au centre de leur travail de romancier. Ces deux juristes de formation s’emparent d’une culture, assez limpidement transmise, pour illuminer la conception du monde à l’œuvre dans leur récit. Lire la suite « La chaleur de la raison, Dialogue entre deux intellectuels allemands Alexander Kluge, Ferdinand von Schirach »
Mois : juin 2019
L’inconnu est une abstraction ; le connu, un désert ; mais le connu à demi, l’entr’aperçu, est le lieu parfait où faire onduler désir et hallucination. Juan José Saer, L’ancêtre
Sept récits de libération, de chaos, de confusion, d’images et de disparition. Dans une prose ironique et hypnotique, comprendre toujours au seuil de cauchemars rationnels, Giorgio Pressburger nous emporte à Trieste, cette ville décidément imaginaire. Nouvelles triestines captive de bout en bout tant y résonne une voix singulière par la tonalité particulière d’une permanente mise en cause de son récit et une très belle interrogation sur l’impersonnelle réalité ainsi aperçue.
Le cœur est un enfer ; l’amour un indispensable mirage. La suite des enquêtes, toujours aussi plaisantes, du commissaire Ricciardi emporte le lecteur dans un Naples écrasé par la chaleur. Maurizio de Giovanni parvient à traiter le thème amoureux sous toute ses formes avec une cohérence qui jamais ne vire au systématisme. Les intermittences amoureuses du commissaire, sa façon de flotter entre vie et mort s’amalgament aux aléas de l’enquête, à la vie de son associé mais avant tout à la vie populaire de Naples dont de Giovanni continue à nous restituer la musique.
Lire la suite « L’enfer du commissaire Ricciardi Maurizio De Giovanni »
Donner une représentation à l’invisible et à l’immatériel, aux sons, odeurs et pensées. Dans une langue flamboyante et une prose scientifique métaphorique, les treize nouvelles des Forces étranges se révèlent un enchantement vénéneux. Leopoldo Lugones offre, dans ce recueil de 1906, de captivants récits où la science oscille entre cataclysme et révélation de l’immuable d’une cosmogonie compliquée. Les forces étranges laissent, menaçantes, entrevoir une très jolie réflexion sur la création dont la littérature ne serait qu’un prototype, une image par équivalence de cet absolu imploré par Lugones.