Les accents des favelas, la retranscription de leur langue pour donner une image de la violence et l’espoir qui, malgré tout, y survit. Dans les treize nouvelles du Soleil sur ma tête, Geovani Martins parviens à nous faire pénétrer dans l’esbroufe et la peur, l’humour et cette sourde terreur sur laquelle se construit la tension ramassée de chacune de ces très belles nouvelles.
Mois : octobre 2019
Dans un roman concis, où l’intrigue révèle insidieusement ses pièges, Hye-Young Pyun offre le décalage décisif d’une vision du monde radicalement différente après un accident de voiture qui laisse le narrateur lourdement handicapé. Avec un vrai plaisir pour le lecteur Le jardin dévoile peu à peu les circonstances de cet accident, les responsabilités de chacun puis la vengeance lentement mise en place. Dans un style à la transparence dépouillée, toujours tendue vers une résolution parfaitement flottante, Hye-Young Pyun dépeint aussi l’horreur normative de la société coréenne.
Intense fresque familiale où génétique, théâtre, informatique et, plus insidieusement, mythe biblique s’enlacent dans une danse de connaissance, dans une quête d’un savoir supérieure. Par l’histoire de Nora, sa découverte des archives de sa famille, Ludmila Oulistaskaïa donne une vision de la grandeur et des ombres de tout le XX ième siècle russe. En alternant la correspondance, le journal de Jacob, le grand-père de Nora, et les créations théâtrales de cette dernière, L’échelle de Jacob entraîne le lecteur dans l’apprêté des épreuves humaines.
Exhumer une disparition, plonger dans ses souvenirs pour enfin en perdre la matérialité, en égarer leur vérité qui ne tient qu’à nos obsessions. Dans une prose hantée de détails, emplie d’une précision psychologique sans facilité, Adieu fantômes offre une très belle confrontation à la perte et à la fragile construction de soi.
Le destin, le hasard dans cette épure de polar métaphysique. À travers le point de vue de chacun des acteurs de son intrigue fatale et rythmée, réduite à la succession de pronoms personnels, Danses du destin interroge nos choix souvent maladroits avant que d’être malheureux. Mais à cette trame théâtrale Michel Vittoz adjoint une véritable histoire policière à l’ancienne. Le roman devient alors le portrait d’une manipulation et de cette crapulerie étatique qui survit après la seconde guerre mondiale. Le style sec et poisseux nous en rend parfaitement l’atmosphère.