Bobby Mars Forever Alan Parks

Retour de l’inspecteur McCoy dans son Glasgow de pauvreté et de souffrance, de soutien et d’amitié aussi. Alan Parks signe à nouveau un polar très solide, rythmé mais avec un art certain du portrait et du décor. Bobby Mars Forever ou la poursuite d’une série dont on attend la suite.

Parler de polar comme un exercice critique. Un affrontement du vide de la parole, des prudentes stratégies de contournement qu’elle doit mettre en place pour évoquer un livre dont l’essentiel tient à son intrigue. Ici à son immense simplicité, toute tendue vers sa résolution (notons quand même deux deus ex machina assez improbables, symétrique, pour le dénouement : McCoy est sauvé in extremis à Belfast puis à Glasgow). Un roman qui démissionne le critique, un livre qui se suffit à lui-même. On lève alors ici une nouvelle piste d’interprétation. Si le livre ne souffre aucun commentaire, on ne peut pour autant pas dire qu’il ne se constitue pas dans un évident jeu de référence. L’Écosse, territoire du polar. Difficile, – question d’époque puisque tout le cycle, un volume par mois, couvre l’année 1973 – de ne pas penser au maître McIlvanney. Une question d’empathie, mais aussi, d’une manière plutôt classique, d’exploration de différents milieux sociaux. Le roman, depuis Balzac, sait le faire dans des descriptions dynamiques, comme une façon de faire progresser l’intrigue. On aime assez la référence à Depardon créer par l’image de couverture. Dans le roman, l’inspecteur accompagne une photographe qui veut saisir la misère de Glascow, toute sa beauté. Elle offre une photo à McCoy. L’occasion de refaire sa déco qui, comme sa vie, part un peu de pub en pub. Si on pense aux Papiers de Tony Veitch c’est aussi par la manière dont Parks parvient à décrire le caractère de son protagoniste à travers le point de vue d’autres personnages. Notamment ici de Watsie, son adjoint qui exprime toute la colère face à la situation dégueulasse que vit McCoy. Son pire ennemi, Raeburn, est en charge d’une enquête qu’il mène à charge, trouve le premier coupable venu. Ce même Raeburn donne un éclairage précieux sur McCoy : bourré la moitié du temps.

On sent aussi une très nette influence de Rankin dans Bobby Mars forever. Une question de rock. De drogue aussi. Tout commence par une over-dose, se poursuit par un enlèvement d’une fillette. On pense donc à Rankin par le lien compliqué, assez sanglant, entretenu avec Cooper. Une histoire de réhabilitation commune. Une amitié rugueuse, réelle. Une question d’empathie on l’a dit. Un jeu aussi sur les codes du polar. McCoy est engagé, officieusement, pour retrouver une jeune fille disparue. Basculement d’une époque. Les mineures qui picolent, les cheveux qui s’allongent. Une gamine qui a de bonnes raisons pour ne pas revenir. Des bracos irrésolus qui mènent à une funèbre incursion à Belfast. N’en disons pas plus, On se laisse prendre.


Un grand merci aux éditions Rivages pour l’envoi de ce roman.

Bobby Mars forever (trad : Olivier Deparis, 407 pages, 22 euros)

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