Terra Nostra Carlos Fuentes

Circularité, pluralité, des destinés, du temps qui est aussi ce que l’on en imagine, ses failles, itérations, prophéties, mais aussi tout ce qui n’a pas été vécu, les secondes chances des échecs, les hérésies, l’expérience en commun de notre terre. Chef d’œuvre de Carlos Fuentes, immense roman cosmogonique aux réflexions sur l’unité, toutes les dualités (nouveau et ancien monde ; passé et présent ; masculin et féminin ; unique et plurielle ; achevé, inachevé ; rêve et mémoire…), Terra Nostra est le récit véritablement baroque (permanent jeu de miroir entre rêve et réalité) de la fin d’un empire, celui halluciné, forclos dans sa dévotion syphilitique, de Philippe II, l’annonce d’un nouveau monde et la préservation de l’utopie d’un autre monde. Carlos Fuentes nous emporte dans ce récit messianique, dans la permanence des signes, la variabilité de leurs interprétations, la concordance des mythes, la réalité trompeuse de l’écrit et de ses hérésies, la folie de la foi, l’immuable et éternel désir de dire.

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Beast Elsa Boyer

La machine et ses masques, ultime refuge des dissimulations humaines, politiques. Dans un récit des possibles, dans un avenir probablement proche, dans un ailleurs ressemblant, d’anciens mafieux font élire un président, tentent de masquer ses liens avec une diva devenue première dame, survivent comme ils peuvent entre altérations et hybridations, masques et machines. À nouveau, dans une de ces subtiles variations qui forment notre réel, Elsa Boyer s’empare des instants de basculement, de ces fuites où la réalité, derrière l’écriture, devient autre chose. Beast ou une tentative éperdue de « dupliquer les possibles, [d’]attaquer le réel sur tous les fronts. »

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Mascaro, le chasseur des Amériques Harold Conti

Ombres et inventions de la vie du cirque, apologie de l’errance, de ce bricolage perpétuel de la vie d’une troupe, de tout ce que pourrait cacher (de solitude, de politique) ce ramassis hasardeux de talents et de dissimulation de ce , somptueux et minable, cirque de l’Arche. Mascaro, le chasseur des Amériques allie discrètement l’apologie burlesque de la création artistique à son ombreuse possibilité de résistance. Conteur merveilleux, créateur d’un univers entre écarts et flamboyance, Haroldo Conti enchante de sa prose magique, inquiète bien sûr.

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Esperanto Rodrigo Fresan

Éternels recommencements du langage universel. Chansons tristes, histoires courtes, sous-titre d’un être en mouvement, en fuite de lui-même, à la poursuite des cordiales intermittences de sa mémoire. Dans son premier roman, Rodrigo Fresan commence sa réflexion sur le langage, ses spectres et autres revenances. Esperanto ou le poids de nos dénominations, nos incapacités à échapper aux figures attendues, l’intime nécessité de donner — surtout en Argentine — un visage à nos disparitions. Entre virtuosité artistique et ironique jeux d’emprunts, Rodrigo Fresan esquisse ici l’infinie richesse de son territoire romanesque.

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Captive Elsa Dauphin

À l’isolement de la mémoire, à l’écoute, à l’écart, d’une patiente reconstruction. Après l’amnésie sélective d’un drame, une femme retrouve la solitude suite à la captivité, regarde les oiseaux et les saisons, met des mots, de l’écriture, sur ce qu’elle a vécu. Dans une langue brève, rugueuse et concrète comme ce qu’elle décrit, Elsa Dauphin dépeint au plus près cette ordinaire traversée d’une épreuve : la très lente sortie de la captivité.

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