Prenez de l’ail et de l’argent, du sel et de la terre Ursula Timea Rossel

Polyphonie quantique pour cartographier les ailleurs, arpenter des temps parallèles, retrouver surtout le plaisir de raconter des histoires comme on vit la vie d’une ou d’un autre. Souvent ébouriffant, toujours très drôle et inventif (dans sa typographie pour marquer, par la variation de couleur ou de typographie, le retour des personnages), ce premier roman transmue la physique quantique en faisant du célèbre chat du physicien qui en est à l’origine un des personnages ainsi qu’une sainte qui voyage dans le temps, une cryptographe désœuvrée, un cartographe habité par d’atalantes recherches, une sybilinne dentiste qui revient, par altération de sa peau, en différents personnages, un capitaine Achab qui tourne un navet métaphysique sur le lion des neiges. Ursula Timea Rossel entraîne le lecteur à travers le globe pour montrer à quel point Prenez de l’ail et de l’argent, du sel et de la terre tisse autrement le rapport entre l’espace et le temps, la réalité et ce qu’elle pourrait être.

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Crier son nom Alessio Forgione

Une adolescence à Naples : le foot et les conneries, les amours et les aléas de l’attachement familial. Marco Pane traverse sa vie, entre magazines sur les extra-terrestres et les petits trafics, on entend son incompréhension, son désir de sens et d’attention. Dans une langue simple et touchante, toujours à hauteur de son personnage, Alessio Forgione restitue la découverte de soi, comment on compose avec une mère partie, les mauvais coups des copains, l’invention du désir, la fatalité qui s’annonce. Crier son nom : un joli et simple roman de formation.

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Souvenirs des montagnes au loin Orhan Pamuk

L’intimité, l’imagination, les souvenirs dans et par des paysages peints, esquissés, qui viennent caviarder le texte. Magnifique recueil des pages de carnets où se livrent pêle-mêle des réflexions sur les romans en cours, des difficultés du quotidien, de politiques turcs au détour d’une phrase ou d’un malaise, mais surtout délicat témoignage du plaisir de se perdre dans une histoire, de s’absenter dans un paysage, d’en dessiner aussi une très belle théorie. Dans un style visuel, disons, naïf, coloré, pointilliste presque, Orhan Pamuk s’essaye, au jour le jour, à un curieux rapport entre le texte et l’image, entre réalité et imagination, présence et absence. En dehors d’un intéressant témoignage sur l’écrivain au travail, Souvenirs des montagnes au loin ouvre une perspective de l’imaginaire d’un auteur, la délicate manière qu’il a d’envisager le monde comme un paysage avec ses lignes de forces et d’ombres.

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Une petite société Noëlle Renaude

La curiosité des invisibles, l’interprétation abusive des minuscules secrets que, du dehors, ils décèlent dans la vie d’autrui, peut-être pour ne pas voir les drames ainsi tus. Enchaînement assez vertigineux de témoins, d’acteurs de hasard, de ce qui se passe dans une maison cossue du Val-d’Oise, suite de situations cocasses et cruelles, désespérées et grises d’être trop conforme à la morne grisaille de nos vies dites ordinaires. Noëlle Renaude tisse une série d’histoires, de destins pas très heureux, de vies par substitution, de solitude dans un univers suspendu, suranné où apparaît soudain le malheur, la distanciation d’une ironie parfois un rien marquée. Une petite société enferme ses personnages dans ce qu’ils parviennent à deviner de la vie d’autrui, dans leurs suppositions peu heureuses et, se faisant, dans un bel entrelacs de récits, de croisements et d’inachevé.

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