Le Non de Klara Soazig Aaron

Le retour des camps, honte et haine, l’impossible retour à une vie dite normale, la très grande difficulté aussi à entendre cette parole d’une grande exactitude, sans omission mais avec refoulement. Dans ce roman de 2002, Soazig Aaron parvient, avec une certaine douceur, la pudique naïveté des romans des années 30-40, à explorer tout ce que la littérature concentrationnaire a su dire de ce définitif impensable. L’autrice le fait avec une grande délicatesse, par les silences et culpabilités de Lika qui tient son journal, essaie de faire revenir à la vie et la santé, physique et psychologique, celle qui revient sans doute de trop loin pour être une amie, pour ne pas porter cette inguérissable blessure qui continue à nous définir. Le Non de Klara, un bref et très intense non tant sur la Shoah que sur ses conséquences.

Lire la suite « Le Non de Klara Soazig Aaron »
Publicité

Cocoaïans (naissance d’une nation chocolat) Gauz’

Colonialisme du chocolat, exploitation du cacao ; histoire d’un pays à travers cette matière première mondialisée dont il ne tire qu’un profit minimal ; réflexion sur la parole et ce qu’elle rend visible. Cocoaïans (naissance d’une nation chocolat) reprend à différentes époques la façon dont la Côte d’Ivoire s’est vue contrainte de cultiver le cacao, s’est trouvée prisonnière de ce commerce colonial avant que d’être victime de ses spéculations, avant — par une belle projection dans l’avenir — la possibilité d’une révolte. Gauz’ met subtilement en dialogue, avec sa fille, entre les chefs de tribus, entre les propriétaires qui luttent pour créer un syndicat, entre la lune et le soleil, cette naissance d’une nation, cette possible appropriation du chocolat.

Lire la suite « Cocoaïans (naissance d’une nation chocolat) Gauz’ »

Vagabonde Fumiko Hayashi

Errances et perditions, le monde de la nuit, la poésie et la misère dans l’instantanéité d’entrées de journal, dans ce flottement aussi dans ces paysages, maisons de fortunes, où l’autrice passe, dans ces rencontres surtout avec le monde littéraire du Japon des années 1920. Vagabonde surprend par sa forme hybride, une sorte de journal romancé plein d’ellipse, entrecoupé de poèmes mais avant tout de notations psychologiques d’une grande précision, d’une belle et discrète invention dans son mélange des registres, dans sa torsion entre le quotidien et ses pauvres arrangements et une tenace volonté d’en saisir les paysages, le fugace passage. Vagabonde ou la tenace nostalgie d’un endroit à soi, l’expression aussi la plus certaine de la difficulté d’être, les étourdissements et fuites qu’alors on lui cherche.

Lire la suite « Vagabonde Fumiko Hayashi »