Pétrole Pier Palo Pasolini

Cercles capitalistes, progressistes, de l’Enfer, ample réflexion, dont il ne reste que des notes, sur les récits, la façon dont les construire à partir de citations et de pastiches, d’emprunts et de collages ; récit renseigné aussi sur les magouilles mafieuses, étatiques, d’une compagnie pétrolière italienne, récit simultané des mythes et des scissions, des interdits et tabous prétendument levés par une émancipation dont Pasolini ne cesse d’interroger le progrès. Ultime œuvre de Pasolini, Pétrole est un de ses romans inépuisable, résistant toujours à toute interprétation unitaire, où l’auteur développe sa conception de l’art du roman, de la politique, du fascisme comme de l’intellectuel de gauche. Un roman total dont la fragmentation, l’incertitude sur son achèvement, reste l’horizon le moins imparfait.

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Lalalangue (prenez et mangez-en tous) Frédérique Voruz

Donner langue aux souffrances de l’enfance, faire un autre récit, toujours à partir du mot juste, de cette déraison —- privation d’une folle générosité — maternelle, des silences schizophrènes du père. Comme en déport d’une cure psychanalytique, avec un certain humour nécessaire face aux horreurs racontées, Frédérique Voruz tente de comprendre cette implacable, reconstruite sans doute aussi, vengeance d’une mère qui, suite à un accident d’escalade, se retrouve amputée, inapte à aimer. Lalalangue décrit avec justesse le désir de tendresse inassouvie, l’exaltation mystique d’une mère à l’avarie, au repli, pathologique, les refuges et bifurcations que sa fille, dans la langue, s’efforce de trouver.

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Esprit de corps Jean-François Vaillancourt

L’armée dans toute son absurdité, l’ordinaire bêtise aussi de sa franche camaraderie le tout dans une langue, hélas parfois, d’une immédiate oralité qui confine à un réalisme sans distanciation hormis celle de la satire. Esprit de corps pourtant interroge dans son désir de rendre compte, à hauteur d’expérience, de la fabrication d’un groupe, de sa préparation à ce qui, pour la plupart, ne se produira pas, de l’excitation un rien imbécile pour cette vie pour de faux. Jean-François Vaillancourt offre un récit dépouillé, dialogué, de recrue en ingénieur de combat.

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Qu’on leur donne le chaos Kae Tempest

Sept voix dans la nuit, 4h18 à Londres, on est paumé, seul et sans sens : contemporaine colère. Kae Tempest déroule son texte, ses sonorités puissantes, ses collages de pertes et de défonces, d’anéantissements salariales et de fatigues quotidiennes. Qu’on leur donne le chaos pourtant ne cède pas à la résignation : dire ses existences suffirait, qui sait, à restaurer, à inventer, leur capacité d’amour.

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Tropique du Cancer Henry Miller

L’Absolu sur le trimard, son vide dans le plumard, le cancer d’une société capitaliste dans l’errance dans ses rues et bordels. Modèle, souvent imité rarement égalée, de l’autobiographie romanesque exaltée, excessive, enthousiaste, lyrique, Tropique du Cancer raconte les années d’errances parisiennes d’Henry Miller, l’inquiète liberté de sa pauvreté, la beauté de sa révolte aussi contre toutes les acceptations, son rapport également — aujourd’hui sans doute problématique — aux femmes et aux prostituées. Un grand roman, précisément dans ses imperfections.

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