Voir Montauk Sophie Dora Swan

La maladie psychiatrique par les proches qui la subissent, tentent de l’accompagner, de faire avec le désir de mort, de lui trouver une issue. Dans de très jolis poèmes, dans leur capacité à intégrer la langue administrative, psychiatrique comme le ferment premier de l’angoisse d’une fille pour la souffrance de sa mère, dans le projet lancinant d’un voyage ensemble, d’un retour à la mer, Voir Montauk met à nu l’impuissance, l’isolement, la ténacité malgré tout de l’espoir ; la vie. Sophie Dora Swan signe un livre tout de délicatesse, retenue et précision, un récit poétique sur cette angoisse que nous avons en commun, sur les façons de radicalement la partager, la penser.

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Les vivants et les autres José Eduardo Agualusa

Les limites, insulaires et apocalyptiques, de la fiction, les romanesques spéculations sur le réel, sur la manière dont chaque histoire reconstruit le monde. Les vivants et les autres interroge alors, avec finesse et humour, notre rapport au temps, à la mort en nous plongeant sur le rapport que chaque écrivain entretient avec son œuvre, ses personnages, l’identité qu’ainsi il se dessine. Dans cette histoire d’un colloque d’écrivains, soudain coupés du monde sur l’île Mozambique, José Eduarado Agualusa revient sur ses obsessions, sur le double fond de fiction que contiennent nos vies, par un récit malin sur ce qu’est la création littéraire.

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On a tout l’automne Juliana Léveillé-Trudel

Retour à Salluit, dans le Nord Arctique, dans l’approche, patiente et poétique de sa langue, de sa jeunesse, oscillant entre désœuvrement et souffrance, et des propres révélations sur soi ainsi révélées. Évocation discrète d’une société en train de se dissoudre, d’une langue dont il ne reste que des mots éparpillés entre le français et l’anglais, portrait sensible d’une jeunesse qui tente d’y subsister, des souvenirs qui reviennent, des absences ainsi pointées. On a tout l’automne se plonge, dans une langue parfois un rien trop transparente, à mon goût, dans cette tentative de sauvegarder une bribe, de comprendre une communauté en touchant, en traduisant, sa poésie. Juliana Léveillé-Trudel écrit cette lente quête, cette lente distinction du son et du sens, des gestes et autres rituels, de la tenace fragilité de l’existence quotidienne des inuits.

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La bouée Natacha Andriamirado

La discrète fantaisie du décalage, celle d’un point de vue amusé, empathique pour les secours, les fuites et autres bouées inventées pour survivre à la tenace déraison de nos vies. Onze nouvelles autant de basculements dérisoires que Natacha Andriamamirado accompagne de délicieux récits où elle surprend le déclencheur de ses textes, poursuit la singularité d’une appréhension curieuse, sceptique, du monde un peu fou qu’en partage nous avons.

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Ibrahim Qashoush Maxime Actis

Chants syriens de la disparition. Dans un frappant ensemble de fragments, dans cette certitude d’être un outsider, de ne pouvoir rendre compte du réel syrien que depuis ses marges, ses frontières et ses rendus sur les réseaux, Maxime Actis parvient à faire entendre non tant un destin individuel que celui collectif, pluriel, d’une résistance et de son écrasement dans le sang. Ibrahim Qashoush prend la forme d’une enquête sur un chanteur disparu, sur le compositeur d’un hymne invitant à faire dégager Bashar el Asad pour collecter les traces de ce qui reste d’un pays, la Syrie.

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