La vie de Maxime Gorki dans les interstices de ses dissimulations, face aux pièges et autres manipulations staliniennes. Dans une étourdissante cohortes de présences et de haines, sous le regard rieur et juste de celle qui fut sa domestique puis son infirmière, György Spiró fait défiler toute la première moitié du siècle soviétique. Entre exil doré, vanité des protestations et assentiments tacites contre les massacres et purges, Diavolina offre une image saisissante de cette vie intellectuelle.
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Exercice virtuose d’un partage indécidable de la culpabilité, Décompression offre surtout une plongée dans nos retraits du monde, dans ce mensonge ordinaire derrière lequel nous échafaudons le récit de nos existences. Avec une once de froideur Juli Zeh creuse son regard son compromis sur nos capacité à fuir ou à implorer un jugement.
Roman du dépaysement, Une ville à soi immerge dans la vie quotidienne, prosaïque et mercantile, de deux femmes dans la ville chinoise de Wanchu. Immersion dans des mentalités d’un dureté belle et généreuse, regard entendu sur l’incompréhension de la modernité face à des traditions déjà effondrées. Dans une prose discrète Chi Li se place à hauteur de ses personnages dans un « néo-réalisme » sans jugement mais plein d’empathie.
Implacable plongée dans la psyché d’un poète, descente sous la cloche de verre qui enferme les protagonistes de ce drame dans leur rôle et leur fatalité, effleurement sans pathos de la douleur et sa culpabilité. Ton histoire Mon Histoire offre tout ceci mais demeure dérangeant. Connie Palmen y parvient à totalement se fondre dans sa vision de la personnalité de Ted Hughes, à nous retranscrire sa vision de Sylvia Plath mais en contraignant le lecteur à interroger sa fascination, voire la nécessité d’une telle appropriation.
Dans une prose hypnotique, évocatrice et précise, pleine de rêves et de précisions, Anne-Marie Garat retrouve le grand Nord et ses poursuites de l’origine, des souvenirs et de l’identité. Le grand Nord-ouest se dévore comme un roman de sensations, de rythmes et de visions. Son aspect renseigné, trop parfois, en fait une plongée magique non tant chez les peuples dits primitifs mais chez ceux dépossédés de leur langue. De leur identité donc tant il s’agit ici d’une nouvelle et chatoyante réflexion sur les pouvoirs de la fiction.