Des photos et des symboles, des souvenirs et des ombres rattrapés par la marée. Dans une prose envoûtante, pleine de mystère, Anne Marie Garat se confronte à la puissance de nos récits, aux développements latents et autres prémonitions, par lesquels nous constituons nos identités. Une maison perdue sur la dune, une femme qui y revient liquider son passé et retrouver ses fantômes, et La Nuit atlantique invente une autre filiation, une autre généalogie, une écoute des récits et des arrangements de ceux qui squattent cette baraque. Un roman de la perte et de l’espoir, de l’enfouissement et de la reconstruction à lire absolument.
Étiquette : Anne-Marie Garat
Dans une prose hypnotique, évocatrice et précise, pleine de rêves et de précisions, Anne-Marie Garat retrouve le grand Nord et ses poursuites de l’origine, des souvenirs et de l’identité. Le grand Nord-ouest se dévore comme un roman de sensations, de rythmes et de visions. Son aspect renseigné, trop parfois, en fait une plongée magique non tant chez les peuples dits primitifs mais chez ceux dépossédés de leur langue. De leur identité donc tant il s’agit ici d’une nouvelle et chatoyante réflexion sur les pouvoirs de la fiction.
Il est des romans apaisants dont il est difficile de parler. Abraham et fils en fait partie par la sagesse constante de son point de vue. Prétendre l’évoquer interroge sur l’outrecuidance de juger, à l’abri de ses préjugés, un ouvrage romanesque.
Tentant, par exemple, de déceler un fond de naïveté dans ce point de vue d’un enfant sur un père exemplaire, même et surtout dans ses refoulements. Cette remarque renvoie à une lucidité acerbe dont je ne saurais me prémunir. Elle ne rend pas compte de la construction discrètement élaborée de ce roman. L’alternance des points de vue entre un narrateur indéterminé à l’envahissante mémoire, l’enfant au si beau nom de Franz Farkas et le père permet une lecture d’une fluidité et d’une tension dont il est de bon ton de se plaindre. Le plaisir de lire se ferait au détriment du sérieux.