Histoire de nos disparitions, dissémination de notre fascination pour le mal, ses instants de basculement ; immense fresque sur la quête de l’auteur des crimes du Sonora ou d’un romancier clandestin. En cinq romans distincts, reliés par des correspondances en apparences trop superficielles pour ne pas révéler le Mal qui hante cet immense roman, en d’incessantes et haletantes intercessions de parole, Roberto Bolaño explore nos désirs de récits, notre obsession de la sexualité et notre passion du sens. 2666 ou le grand roman du début de ce siècle coupable.
Étiquette : Édition Christian Bourgois
Relire Pessoa ; retrouver un autre soi-même. Derrière son hétéronyme de Bernardo Soares, Fernando Pessoa tient un journal de sensations où se dessine une métaphysique du rêve, un songe sur l’irréalité de nos vies, sur l’altérité de nos nostalgies. Dans son intranquille langueur, Le livre de l’intranquillité a la douce amertume du songe et rêve la désillusion de nos réveils. Portrait d’un autre, d’un rêveur éveillé dans son quotidien de comptable, Fernando Pessoa nous emporte dans cette somme de sensations, inachevées, qui jamais tout à fait nous appartiennent.
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Voyage en avant-garde. Dans un roman constamment drôle, malin et d’une rare intelligence, Enrique Vila-Matas met en scène, par un jeu de dédoublements (tant littéraire par la référence constante à Roussel que cinématographique par la pensée constituante à Hitchcock), l’impulsion de l’enthousiasme. Entre fiction et réalité, Impression de Kassel interroge la nécessité de l’art et, entre collapsus et rétablissement, ses manières de joyeusement continuer à nous altérer.
La perte de l’amour, le deuil élégiaque mais aussi l’insurmontable perfection des souvenirs, l’imparable oubli et tous les indices comme autant de rétrospectives prémonitions. Dans une prose lumineuse, dans des fragments plus déchirants que déchirés, Dire son nom parvient au miracle de la présence, à l’évocation précise et sensuelle de NYC et du Mexique. Face à cet exercice narcissique, Francisco Goldman se confronte à l’appropriation de la douleur.
Les romans de Martin Suter se révèlent des trésors délicats. L’irruption d’un éléphant rose et luminescent introduit, comme souvent chez cet auteur, un subtil basculement dans l’ordre du monde. Avec une vraie tendresse, sans la moindre naïveté, Suter met en question notre monde contemporain et ses d’autant plus terrifiantes manipulations génétiques qu’elles sont inutiles. Un rare roman heureux et captivant.