Tropique du Cancer Henry Miller

L’Absolu sur le trimard, son vide dans le plumard, le cancer d’une société capitaliste dans l’errance dans ses rues et bordels. Modèle, souvent imité rarement égalée, de l’autobiographie romanesque exaltée, excessive, enthousiaste, lyrique, Tropique du Cancer raconte les années d’errances parisiennes d’Henry Miller, l’inquiète liberté de sa pauvreté, la beauté de sa révolte aussi contre toutes les acceptations, son rapport également — aujourd’hui sans doute problématique — aux femmes et aux prostituées. Un grand roman, précisément dans ses imperfections.

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La nuit des orateurs Hédi Kaddour

Les pouvoirs de la parole, ses dénonciations, ses sous-entendus comme pratique politique, entre crainte et passive soumission, sous le règne de Domitien au premier siècle. Dans cette atmosphère de complot, de légalisme, de rhétorique naît aussi une littérature dont le roman suit les aléas, les créations quasi collectives dans, là encore, l’échange verbale. Roman d’une belle densité, La nuit des orateurs décrit ce qui pourrait être la dernière nuit de Tacite, l’entremise de sa femme pour lui éviter une mise à mort, torture ou exil, mais aussi le passé, les aspirations et autres déceptions de tous les personnages qui se croisent dans cette nuit du Verbe. Hédi Kaddour parvient, notamment par de transparente intrusion du latin, à reconstituer toute une époque, l’étrangeté de sa mentalité et de ses personnages et surtout de l’infinité de mots dont ils se bercent.

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Un bref instant de splendeur Ocean Vuong

Le corps du désir, de l’absence ; les mots du désir et de l’exil. Lettre à la mère, hommage à son corps souffrant, à celle qu’elle inflige, récit d’une arrivée aux États-Unis, invention d’un écrivain qui tente, au-delà des excuses et par la fiction, la poésie qu’elle recèle, de s’approprier sa langue et dire ainsi la découverte de son homosexualité, le désir et sa perte à travers un portrait sensible de l’Amérique paumée, droguée. Dans une très jolie prose, souvent inventive, apte à inventer motifs et images pour rendre l’obsession, Ocean Vuong signe un premier roman d’une grande finesse dans sa réflexion pratique sur le langage. Un bref instant de splendeur ou la beauté, le désir, la lumière malgré l’horreur.

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Hôtel Castellana Ruta Sepetys

Des amours contrariées aux dernières années du règne fasciste de Franco, la vie dans un grand hôtel quand le pays, par intérêt commercial, s’ouvre. Fresque populaire (avec donc les facilités de la grande efficacité) où s’entend la difficulté de la vie dans l’après-guerre où l’épuration perdure pour les enfants des Républicains. Dans la peau d’un hériter texan, naïf et curieux, Ruta Sepetys dit l’horrible répression de la vie sous la dictature. Tout de romanesque, pour ne pas dire de romance, Hôtel Castellana est un roman d’une efficacité entendue, une lecture distrayante.

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Lumière d’été, puis vient la nuit Jon Kalman Stefansson

Les confins de la nuit, les ombres qui soudain influent sur des existences ordinaires, la modernité qui frappe une petite communauté d’un village islandais des fjords de l’Ouest. Entre naïveté et profondeur, empathie et regret, Jon Kalman Stefansson poursuit l’histoire collective de son île. Lumière d’été, puis vient la nuit est un roman sur la peur, sur nos façons de composer avec elle.

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