De l’argent à flamber Asta Olivia Nordenhof

Un drame maritime, une honteuse arnaque à l’assurance, 159 morts et bien davantage de victimes dont Asta Olivia Nordenhof, dans ce qui s’annonce comme une série de sept livres, noue les destins, creuse les silences, les manières âpres, et douloureuse d’être ensemble. Au-delà de l’indispensable plaidoyer de ce capitalisme sauvage, de son acceptation des morts comme condition sine qua non de sa sacro-sainte expansion, De l’argent à flamber se penche avec une très grande empathie, une forme d’exactitude, sur les vies — un rien cabossées, un rien confiés aux silences et à ses incompréhensions — de Kurt et de Maggie. Par la pudeur d’une franche exposition de l’ordinaire violence conjugale, de la terrible incapacité à s’y soustraire, l’autrice montre comment le capitalisme détruit tous ceux, minuscules, qui s’y investissent, pensent par un placement s’en sortir.

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Bolla Pajtim Statovci

Les différents visages des démons de la violence ou ce qui subsiste de la passion, ce qui survit à la guerre. Arsim rencontre Miloš, leur passion dessinera de diabolique lendemain, un lent glissement dans la haine de soi et celle de l’autre qu’elle ne tarde pas à faire naître. Pajtim Statovci décrit ainsi l’effondrement de la vie à Pristina, la guerre du Kosovo, la haine raciale et religieuse entre Albanais et Serbes précisément par la possibilité de l’amour. Bolla par cette histoire d’un amour qui, bien sûr, ne parvient à se retrouver, par un détour par la mythologie, le désir de devenir quelqu’un d’autre, celui d’écrire, approche la terrifiante banalité du monde, la détestation qui nous y fait consentir.

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La vierge néerlandaise Marente de Moor

Escrime de la folie, ballet des douloureux dédoublements et gémellités qui servent d’image à ce combat, contre soi-même avant tout, que sont le noble art. L’histoire d’une jeune fille, naïve lectrice de Tolstoï, qui s’initie à l’escrime, aux conceptions aristocratiques, pour ne pas dire schizophrénique, de son maître, un ancien ami de son père, une victime de guerre qui se refuse à voir ses plaies suturées. Manière de nous donner à voir l’Histoire en marche, son opposition entre une rigueur prussienne, assez dingue pour voir de la noblesse dans la guerre, et celle d’un nazisme, nous sommes en 1936, belliqueux qui cristallise toutes les rancunes. La vierge néerlandaise parvient ainsi à se pencher sur l’Histoire de la première guerre mondiale en Hollande, ses répercussions. Marente de Moor livre ici un solide roman historique.

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