
L’expropriation pour la prétendue modernisation agraire, la misère entretenue pour le profit de quelques uns, les formes de solidarité qui tentent de subsister dans la famille, derrière une réivention maligne, sceptique, de la persistance du religieux dans une communauté paumée. Une colère vraie envahie se dégage de cet ample roman qui parvient à mêler le récit de la traversée des États-Unis par la famille Joad, ses désillusions et espoirs, et de beaux chapitres qui inscrivent cette histoire dans un contexte, dans une politique sciemment orchestrée. Cette nouvelle traduction des Raisins de la colère, discrète, susceptible d’en faire entendre le souffle, permet une redécouverte de ce grand roman américain et la minutie, et l’empathie, avec laquelle il décrit notre capitalisme contemporain, les crises qui le gouvernent et expliquent son exploitation généralisée. Entre naturalisme quasi documentaire, courroux, passionnant discours métaphysique et politique, John Steinbeck raconte la fondation, bien cradingue, d’un État, son racisme et la peur de l’autre qui le fonde.
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