Lion Feuchtwanger Les enfants Oppermann

Casuistique de la dignité, fin et collectif portrait dans les années 1932-1933, au seuil du nazisme, au début des persécutions, des acceptations, des refus héroïques et suicidaires, des exils. Ce roman publié en 1933 se révèle un témoignage d’une grande lucidité, renseigné et parvient à renseigner le gris mensonge universel de la vie sous le nazisme, le peu de prise qu’ont pu avoir la culture, la raison et peut-être même la capacité à se comporter dignement, en être humain. Lion Feuchtwanger livre un texte ardent, documenté et s’interroge sans faux-semblant sur ce qu’il serait possible de faire.

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Stern 111 Lutz Seiler

Difficile réunification par la quête obstinée d’un passage, d’un langage, d’un lien avec ses parents et son passé. La poésie et la politique, le rapport à la langue, la construction, au seuil de l’imposture, d’un poète. À travers une belle spéculation, un récit hanté par les miroirs et l’image de soi, Lutz Seiler raconte la réunification allemande, les territoires nouveaux sauvages ouverts ainsi à une clandestine occupation, à l’invention d’une utopie, une a-guérilla peu à peu rattrapé par le profit, insensiblement récupérée sous la dénomination de scène berlinoise. Stern 111 se révèle une évocation d’une sensible précision de la vie de ceux qui fuient, la vie de Carl et de celle de ses parents dont il a curieusement la charge, mais ce grand roman est surtout une incarnation de nos territoires perdus, une lucide approche de l’enchantement poétique, de l’aveuglement amoureux.

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Mon nom est Personne Alexander Moritz Frey

L’invention d’un personnage, les peurs qu’il cristallise, les conformismes haineux qu’il révèle. Dans sa constante oscillation entre fantaisie qui par ses inventions au seuil du fantastique rythme le récit et son ironie à l’insaisissable habilité, Mon nom est personne met en scène une ville ordinaire, sa folle haine pour tout retranchement, pour toute étrangeté. Entre burlesque et inquiétude métaphysique, freaks et philistins, Alexander Moritz Frey suggère, en 1914, à quel point un personnage romanesque, anonyme est mystérieux, est le réflecteur de nos paniques collectives, risibles mais touchantes.

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Le cauchemar Hans Fallada

L’apathie et son vide, la culpabilité et les rancunes, la survie et ses arrangements : Allemagne 1945. Dans une manière d’autobiographie déguisée, Hans Fallada met en récit la sidération d’une reconstruction, son quotidien, la torpeur de la toxicomanie. Au-delà de la juste cruauté du portrait, Le cauchemar tisse ce qui subsiste de l’espoir.

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Le conte de la dernière pensée Edgar Hilsenrath

La fiction comme ultime forme de reconstitution de la réalité de l’anéantissement total d’une population. Avec son habituel sens de la farce – le grotesque et l’absurde au centre de la tragédie – Edgar Hilsenrath décrit le génocide arménien sous forme d’un conte oriental. Le conte de la dernière pensée restitue avec tendresse, dérision aussi, le mode de vie des populations arméniennes, les invraisemblables hasards de la survie et de la persécution.

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