Notre dernière part de ciel Nicolás Ferraro

L’espoir qui tombe du ciel, les deuils et les souvenirs, des flingues et des femmes, la noirceur à nu de ceux qui veulent récupérer une came si peu providentielle. Notre dernière part de ciel se révèle un roman très noir, tendre et violent, avec un vrai génie de la comparaison abrupte et rieuse, qui parvient à donner à entendre le désespoir de rêves fous, la tristesse suicidaire et vengeresse d’un vieil homme dont on a tué la jument et qui retrouve alors les gestes d’une vie abolie, la déraison cokée du grand malade chargé de retrouver les paquets tombés d’un Cesna en feu. Nicolás Ferraro entremêle habilement passé et présent comme autant de bribes de souvenirs, éclats célestes d’espoir.

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Roca Pelada Eduardo Fernando Varela

L’altitude de l’absurde, les latitudes ouvertes par l’isolement, la garde d’une frontière sur le toit, tremblant, du monde. Les confins sont hantés par les apparitions, illusions d’optiques et sensations de déjà-vu, momies et magies, l’ombre de l’amour, l’invention de l’ailleurs. Roca pelada raconte donc la vie à un poste frontière comme oubliée dans les Andes, des militaires surveillent une frontière, la déplacent dès que l’occasion se présente, baptisent des météorites, regardent le paysage et les rêves insomnieux imposés par leur coupure du monde. Eduardo Fernando Varela décrit les glissements, pas seulement de terrain, de ce lieutenant Costa qui, pas seulement par désœuvrement, observe des signes, s’invente des aventures et invite ainsi le lecteur le peu d’importance des frontières données au réel.

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Mascaro, le chasseur des Amériques Harold Conti

Ombres et inventions de la vie du cirque, apologie de l’errance, de ce bricolage perpétuel de la vie d’une troupe, de tout ce que pourrait cacher (de solitude, de politique) ce ramassis hasardeux de talents et de dissimulation de ce , somptueux et minable, cirque de l’Arche. Mascaro, le chasseur des Amériques allie discrètement l’apologie burlesque de la création artistique à son ombreuse possibilité de résistance. Conteur merveilleux, créateur d’un univers entre écarts et flamboyance, Haroldo Conti enchante de sa prose magique, inquiète bien sûr.

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Esperanto Rodrigo Fresan

Éternels recommencements du langage universel. Chansons tristes, histoires courtes, sous-titre d’un être en mouvement, en fuite de lui-même, à la poursuite des cordiales intermittences de sa mémoire. Dans son premier roman, Rodrigo Fresan commence sa réflexion sur le langage, ses spectres et autres revenances. Esperanto ou le poids de nos dénominations, nos incapacités à échapper aux figures attendues, l’intime nécessité de donner — surtout en Argentine — un visage à nos disparitions. Entre virtuosité artistique et ironique jeux d’emprunts, Rodrigo Fresan esquisse ici l’infinie richesse de son territoire romanesque.

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Tu as le visage de Dieu suivi de Romance de la noire blonde Gabriela Cabezon Camara

Deux courts récits où Gabriela Cabezon Camara achève sa réflexion sur la vengeance, la possibilité de témoigner des abus, les altérations de la personnalité nées d’une émancipation violente, ambivalente. Deux novellas où l’autrice invente une langue, un rythme et un ressassement, pour dire les violences de la domination mais aussi les impasses de la lutte pour s’en sortir, la nécessité toujours de trouver une autre voix pour dire les martyres et les riens que de nous il reste.

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