Les oubliés Thanassis Hatzopoulos

La lucidité de ceux qui ont des absences, la clairvoyance des réprouvés, la pureté des sensations de ceux qui sont mis à l’écart tant ils vivent dans leur propre monde, tant ils brouillent les frontières, tant ils voient des fantômes, révèlent l’oubli que nous serons. Au plus près de la séparation des sensations, à hauteur de leur isolement, de leur handicap aussi, nous suivons le destin, ordinaire et magnifique, d’Annio et d’Argyris. Une jeune femme qui souffre d’un léger retard de développement intellectuel promène le lecteur dans une petite ville rurale grecque : la vie dans ses enchantements et incompréhensions, les rites et ce qui y échappe quand la mort s’installe. Un jeune homme épileptique regarde le monde derrière son comptoir de pharmacie, joue de la musique avec une feuille de laurier, hérite de la charge des morts avant de les retrouver. Dans une prose poétique, naïve et profonde, Les oubliés dit habilement cette pénétration de la mort et de l’oubli dans ce monde humble. Thanassis Hatzopoulos parvient à dire non tout ce qui s’efface mais les rites et les gestes avec lesquels on combat l’oubli, on laisse subsister ses vies minuscules, magnifiques.

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Heureux soit ton nom Sotiris Dimitriou

Entre l’Albanie et la Grèce, deux sœurs tiraillées par les tyrannies de l’Histoire, ses incessants déplacements forcés et surtout la très grande misère qui en ressort. Par l’admirable traduction de Marie-Cécile Fauvin, nous entendons la langue dialectale, la rudesse de sa ruralité, sa grande pudeur, la beauté de sa résistance, retranscrit par Sotiris Dimitriou comme témoignage primordiale d’un monde enfoui. Heureux soit ton nom ou la très dure réconciliation de deux peuples.

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La verrerie Mènis Koumandarèas

Des souvenirs, les restes de l’enthousiasme et comment il subsiste face aux déconvenues quotidiennes, résignations et autres peurs. Avec une douce distanciation ironique, dans un très bel enchaînement de réminiscences, avec une tendresse sans condescendance, Mènis Koumandarèas retrace, à travers l’histoire d’une verrerie, l’histoire d’une génération grecque dans l’immédiat après-guerre. La verrerie, magnifique roman mélancolique sur ce qu’il reste de nos vies.

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Journal fictif d’Adolf Hitler Haris Vlavianos

Fiction documentée sur la naissance de l’horreur, l’obsession d’un pauvre type – paranoïaque, antisémite, misogyne et bourrelé de complexes – et surtout sur les soutiens et les succès du discours dingue qu’il élabore en prison. Haris Vlavianos parvient à restituer au jour le jour la vie d’Adolf Hitler, dans sa prison, ses exaltations et sa paresseuse formation intellectuelle. Malgré son horreur, Journal fictif d’Adolf Hitler est un livre nécessaire tant il interroge nos fascinations et la réitération des haines les plus simplistes.

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Athos Le forestier Maria Stefanopoulou

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Cénotaphe d’une présence mi-rêvée mi-réelle, très fin questionnement sur la différence entre le crime et le sacrifice, la survie de la culpabilité, Athos le forestier dans son invention d’un retrait dans la forêt pour survivre à un massacre, pour s’inventer justice et destin, offre une vision saisissante de la Grèce d’après-guerre. Quatre générations de femmes se partagent cette mémoire grecque déchirée, ses fantômes et sa croyance dans la Nature. Aux confins du fantastique, Maria Stepanopoulou signe un roman entre souffrance et cendre comme une lumineuse interrogation morale.

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