Soixante de journalisme littéraire, tome 3, Les années « Quinzaine littéraire » 1966 -2013 Maurice Nadeau

Dernier volume de l’intégralité des articles publiés par Maurice Nadeau, cette somme critique retrace habilement la construction d’un champ littéraire. Ayant enfin sa propre revue, se permettant enfin de dire je, Maurice Nadeau revient, souvent, sur son parcours d’éditeur, sur ses rencontres, sur l’accompagnement critique des auteurs qu’il a permis de découvrir, mais aussi sur son engagement politique. Soixante de journalisme littéraire offre un saisissant portrait de la vie intellectuelle du vieux vingtième siècle, interroge très finement cette fin de siècle comme un temps de prétendue désillusion sans autorité. À travers la perspicacité de ses études sur le temps long (de Leiris et Blanchot, de Sartre et de Flaubert, de Soljenitsyne à Pierre Naville), Nadeau trace son autoportrait en témoin essentiel. Un livre indispensable pour appréhender la fabrique de l’écrivain.

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Elvis à la radio Sabine Huynh

Les mots de l’enfance, leurs répétitions et la mémoire, mis à nu par l’écriture, de la souffrance, de la faim, de l’incompréhension ; les identités (fille, mère ; traductrice, étrangère) ainsi révélées. De Saïgon, à la banlieue lyonnaise, de Londres à Tel-Aviv, itinéraire d’une enfant maltraité, de son refuge dans la langue des livres, dans le silence, à sa lente construction dans les oblitérations du langage. Dans une prose qui tend ses interrogations, les mises en question dans une pratique réflexive de l’écriture, Sabine Huynh éclaire ses traumas enfantins, ce qui en revient d’insoutenables maltraitances, les souffrances physiques qui en résultent comme une réalité trop longtemps tue pour n’être pas présenté comme des réminiscences pleines de lacunes, d’inventions. Elvis à la radio ou l’écriture de l’étrangeté autobiographique, une très belle tentative de compréhension de ce que l’on a été.

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Le Non de Klara Soazig Aaron

Le retour des camps, honte et haine, l’impossible retour à une vie dite normale, la très grande difficulté aussi à entendre cette parole d’une grande exactitude, sans omission mais avec refoulement. Dans ce roman de 2002, Soazig Aaron parvient, avec une certaine douceur, la pudique naïveté des romans des années 30-40, à explorer tout ce que la littérature concentrationnaire a su dire de ce définitif impensable. L’autrice le fait avec une grande délicatesse, par les silences et culpabilités de Lika qui tient son journal, essaie de faire revenir à la vie et la santé, physique et psychologique, celle qui revient sans doute de trop loin pour être une amie, pour ne pas porter cette inguérissable blessure qui continue à nous définir. Le Non de Klara, un bref et très intense non tant sur la Shoah que sur ses conséquences.

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À la recherche d’Alfred Hayes Daphné Tamage

L’invention de Soi derrière la figure, grandiloquente, ironique, de l’auteur, par la quête déceptive, surtout, d’Alfred Hayes. Dans une prose scintillante, faussement facile, Daphné Tamage place son héroïne, moqueur alter-ego, dans les pas, la projection essentiellement, du discret romancier et scénariste américain. À la recherche d’Alfred Hayes hommage sensible et drôle à la littérature américaine.

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Violence(s) Paule Andrau

L’état de femme dans ses silences, ses tacites acceptations comme autant d’acceptations tues, de douleurs et de béances face au vide du quotidien auxquelles Paule Andrau donne voix. Livre assez oppressant, tendu dans une écriture qui laisse entendre le ressassement et le désespoir de trois femmes captives (sans soumission) de leur condition, de leur quotidien, Violence(s) est un livre sans fard, sur l’intime, son usure et ses désillusions. La vie dans ses contondantes vacuités.

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