Le joueur Emmanuel Régniez

Portrait du poète en joueur, amnésique, masqué derrière sa mélancolie. Vertige de la dépersonnalisation, ivresse du jeu, de l’inventif oubli de soi. Poèmes de fragments, d’une perte de soi comme un pari sur la fausseté de la fiction, la vérité des masques, d’une fixation visuelle, aussi, d’instantanés. Dans ce mince recueil, d’une grande simplicité apparente, Emmanuel Régniez poursuit son travail de fixation des instants de fêlures, des basculements disent, qui sait, tous les possibles d’une existence. Le joueur ou la saisine de ce qui se répète, tente toujours de se dire autrement : la littérature.

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À travers tout Mathias Richard

Sonore et rythmique explosion d’un monde mental, diffraction incantatoire de ses mots, compression complice de ses pensées, traversée des souffrances et solitudes contemporaines, savante typologie des différentes performances retranscrites ici pour en faire entendre l’intensité, le désir de dispersion, de mutations. À travers tout se présente comme une somme, le témoignage d’un artiste au travail, à l’écoute de l’acuité de la vie, en quête d’un sens ou peut-être seulement, miraculeusement, du partage d’une expérience sensible, si subjective qu’elle en devient collective. Dans cet épais et dense (constamment inventif cependant), Mathias Richard use du langage comme un outil expérimental, toujours possiblement changeant, offrant à tout instant des dérivations de sens, des soudains surgissements de ce qui survient, de ce qui constitue sans doute aussi une série d’instantanés, de collages, de ce que nous sommes.

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Au pipirite chantant Jean Métellus

Soulèvement haïtien, solaire écoute de sa souffrance, ses exils et ses dieux perdus, de ses voix étouffées et surtout des révoltes qu’elles portent au-delà des doutes et tristesses. Ce choix de poèmes donne à entendre une voix, son inquiétude, les menaces qu’elle pressent, la violence d’un pays, son désir d’illumination et les nuits et les failles qui la hante, la font résonner. Au pipirite chantant permet de découvrir l’œuvre de Jean Métellus, aussi bien ses longs poèmes sur le réveil agricole que ceux sur le soleil mais aussi ceux plus brefs où l’on entend la rumeur d’une île dont il parvient à recréer misère et violence, espoirs et désirs, tous les étouffements de cet incertain pays des mots.

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quélen = enqulé Dominique Quélen

Le renversement, corporel, du langage. Quatre récits où tordre la langue, dire — souvent dans un jeu sur ses sonorités — sa dévoratrice violence, ses tacites ressassements solitaires. Dominique Quélen paraît interroger jusqu’où peut aller sa langue, son invention derrière les contraintes que l’on devine sans pouvoir, devoir, les préciser. quélen = enqulé ou ce que le langage doit au corps : souvenir, intromission, expulsion et autres métaphores du silence.

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Aorte adorée (se pendre et autres idées géniales quand on s’ennuie le dimanche) Christophe Esnault

Le suicide comme on en rit, les délices de l’humour noir, la préservation de la panique, vécue, dans les provocations de la blague potache, du sérieux du comique macabre. Aorte adorée, 32 brèves situations terminales, autant d’échappatoires, où Christophe Esnault creuse son propre rapport au monde.

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