Fonte Brute Sofronis Sofroniou

Les immémorables instants de notre mémoire. Dangers et autre cauchemars, décalques et emprunts, de notre mémoire, poursuite d’un auteur, remémoration de livres, parasitages d’image ou de scénario, envers du réel pour nous faire accéder au tréfonds de nos mécanismes mentaux. Roman d’une infinie invention, on y voyage, et s’y égare, d’une représentation l’autre du monde, de pastiches de films, en relecture de tragédies, de rêves, en métamorphoses douloureuses de souvenirs endeuillés. Au seuil parfois du décousu, aux limites aussi de ce que l’on peut voir dans une description très échevelée, Fonte Brute entraîne le lecteur dans un monde de survivance, celui de « Petite Vie » où, durant dix ans, on pourrait se souvenir de notre vécu, s’accrocher aux altérations de notre mémoire. Avec ce roman très référencé, toujours intrigant, Sofronis Sofroniou ne cesse de nous intriguer.

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L’instant décisif Pablo Martín Sánchez

L’Histoire comme entremêlement fortuit d’itinéraires, comme naissance de substitution. Avant L’anarchiste qui s’appelait comme moi, l’auteur parvient, dans un degré de fiction toujours difficile à déterminer, à amalgamer les événements historiques, ici le 18 mars 1977 : jour d’une possible amnistie, journée buissonnière de grève, d’échappée d’un cynodrome, de remisage d’un tableau qui observe la scène, mais aussi jour de la naissance de l’auteur. Dans une reconstitution si sérieuse qu’elle ne peut-être qu’un trompe-l’œil, le fruit aussi d’un sérieux travail historique, L’instant décisif fait naviguer entre ces destins, la curiosité de savoir comment ils finissent par se croiser, un amusement vrai qui dit, au passage, les tensions de toute une société. Pablo Martín Sánchez signe une belle interrogation sur les si révélateurs faux-semblants de la fiction.


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Qui se souviendra de Phily-Jo Marcus Malte

L’énergie du complot comme vecteur de révélations, manipulatrices, de la déprédation capitaliste. Récit malin sur notre désir de croire, Marcus Malte invente la possibilité d’une énergie libre, créer à partir du vide, qui échapperait à la main-mise de ceux (les grands groupes pétroliers texans dont l’auteur nous livre un portrait d’une invraisemblable pertinence) qui en vivent. Qui se souviendra de Phily-Jo joue alors sur les références, les emprunts, les indices, d’une tromperie peut-être, dans ses excès, révélatrices. Pastiche du grand roman américain, de son aspect renseigné, Marcus Malte revient sur la nécessité d’une Histoire plurielle, folle.

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L’invention du diable Hubert Haddad

Fragments, oniriques et érudits, ironiques et poétiques, d’immortalité. Dans sa prose d’une beauté fugace telle la fuite rêveuse des instants qu’elle saisit, Hubert Haddad réinvente, entre rêve et mémoire, le pacte avec le diable, l’inspiration poétique, les pertes continues qui nous constituent. Hommage savant aux poètes de la Pléiade, plus caustique quand il évoque classicisme et préciosité, les obscurités des Lumières, les salons et autres lieux où s’inventent la mondanité du succès, L’invention du diable est surtout ode, d’une très grande beauté à l’instantanée, la folie de son itération.

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Le serpent des blés T.M Rives

La découverte, par incompréhensions, de la cruauté du monde. Récit d’enfance elliptique, d’amours contrariées, de tout ce qui nous échappe portée par la belle, dans son immense simplicité, langue de T.M Rives vers le mystère, l’espoir d’une échappatoire. Le serpent des blés retrouve la capacité, dans la plus grande tradition américaine, d’un récit à seulement nous raconter une histoire, à nous laisser en tirer toutes les interprétations, à nous laisser porter.

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