Border la bête Lune Vuillemin

Effleurer l’insaisissable, saisir les sons, et sensation, d’une sauvagerie sylvestre, accepter la perte mais surtout le contact à autrui, à sa tendresse et à cet animal qu’un instant, en lui, on peut trouver. Quelque part dans une septentrionale forêt, la narratrice cherche le secours d’un refuge animal, apprend, dans une très jolie lumière ambrée, au seuil de la forêt, à composer avec ses peines, à aimer sans le dire ces deux très belles présences qui recueillent les animaux blessés. Border la bête plonge dans un territoire, nous en fait entendre la langue, les éternels interstices de sens comme on espère un contact retrouvé à soi et au monde, comme on s’inscrit dans une poétique qui redéfinirait notre participation à un environnement qu’il ne s’agit plus de dire nôtre. Lune Vuillemin signe ici un roman d’une belle, fragile, intensité où elle parvient à faire résonner la traversée, éperdue, d’une âpre sagesse contemplative.