Un été sans ans dormir Bram Dehouck

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Roman noir, cruelle comédie villageoise, mise en scène d’une succession tragique d’événements hasardeux, Un été sans dormir s’amuse de situations grotesques et douloureuses. Bram Dehouck signe ici un livre dont l’apparente légéreté et la quotidienneté n’est jamais banale ou gratuite.

Le roman noir comique me semble un terrain toujours glissant. L’humour comme faux-nez à tant de dérives. Facilités et clichés ; réductions sociologiques et condescendance pour une pauvreté incomprise. Avec une belle concentration du propos, ce court roman parvient remarquablement à éviter ces écueils. Bram Dehouck laisse les spécialistes, experts et autres sociologues vendre des explications réductrices. Lui retisse patiemment, virevoltant dans un montage cinématographique passant d’un personnage à l’autre par des plan-séquences qui se chevauchent à peine, les motifs d’un geste meurtrier.

Il est un burlesque bruguelien dans Un été sans dormir, un humour qui ne s’effarouche pas de la grossièreté : on cause de diarrhée et de branlette. Une façon d’aborder la vie sans fard mais sans complaisance non plus. Avec un sourire en coin notamment quand on parle de la pédophilie et de la réaction outrée auquel donne lieu ce soupçon abusif. Ne dévoilons rien de l’intrigue tendue de ce roman toujours plaisant mais parlons seulement d’une belle aptitude à saisir la vie ordinaire dans ses tourments jamais magnifiés, touchants d’être toujours si connus.

L’installation dans un petit village belge d’éoliennes empoisonne le sommeil et le pâté du bouché. Nos vies ainsi achoppent sur « l’odeur du bonheur intime. L’odeur d’un nuage de lait désormais tourné. » Un été sans dormir parvient à parfaitement donner idée et poids d’une intoxication collective comme d’un cauchemar. Le boucher rêve de bouchon d’oreille en graisse de mouton plutôt que de les compter en quête de sommeil, son fils est plus un consommateur qu’autre chose, le vétérinaire est à la fois passionné et dégoûté par la chasse. La psychologie de ces personnages convainc avec cette simplicité de l’efficacité. On passe un très agréable moment à lire Un été sans dormir : laissez-vous y prendre.


Un grand merci aux Éditions Mirobole pour cet envoi

Un été sans dormir (trad : Emmanuel Sandron, 135 p – en numérique )

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