Spoèmes Olivier Hervé

Le sport et sa souffrance, oubli de soi ; l’effort et le paysage, l’ailleurs. Des poèmes pour dire la foi, l’enthousiasme, dans le sport, le vélo surtout mais aussi le tennis, le ski, le hockey… et surtout la franche camaraderie qui en ressort. Dans ce recueil plein de légèreté, ou le travail des sons passent par des jeux de mots, des euphonies, dispositions typographiques de paragraphe en champ/contre-champ comme au tennis, Olivier Hervé poursuit son désir d’écrire l’euphorique épuisement sportif. Spoèmes, au sous-titre si évocateur de Le sport, la vie, la poésie, est ludique célébration du plaisir d’écrire, du dépassement, souvent collectif, de soi.

Koumiko Anna Dubosc

Attraper les ultimes instants, souvenirs, de bonheur dans la démence, en rire même, pour rattraper, par une écriture au plus près de l’instant, du vivant, ce qui s’enfuit. Avec la vivacité d’une vraie et grave drôlerie, Anna Dubosc retranscrit l’émotion d’une mère qui devient étrangère à elle-même, perd la mémoire qu’alors sa fille prend en charge, traque la folie sympathique de vouloir tout conserver, de se souvenir : d’écrire. Koumiko ou l’hommage sensible à une mère, à son désordre, à sa capacité de se réjouir, juste avant la perte, de ce qui est.

Rimbaud et la veuve Edgardo Franzosini

Délicieux, ironique et érudit, voyage sur les traces d’un énigmatique séjour de Rimbaud à Milan. Avec sa verve habituelle, ici son sens du détail, sa très grande capacité à donner sa juste place, pleine d’incertitude et d’intérêt, à un témoignage, Edgardo Franzosini trace son chemin dans le mythe Rimbaud, dans le peu que l’on sait d’une vie, dans les traces qui en dessinent les contours contemporains. Rimbaud et la veuve parvient subtilement à retracer le mystère, l’errance magnifique, d’un homme dans toute sa fugitive grandeur.

Le grand enfouissement Annette Hug

Spéculation sur une communauté de gardiens de nos déchets nucléaires pour en préserver, par une belle réflexion sur la langue et sur ses devenirs, le danger ; pour se demander aussi comment composer avec cette menace. Dans une belle, un peu extérieure tout de même composition, Le grand enfouissement tisse les mythes, les vita, de chacun des cinq fondateurs tout en ménageant de flottantes zones d’obscurité sur leurs mobiles, sur les motivations — sans doute manipulées — de ce projet. Entre Manille, Hong-Kong et la Suisse, Annette Hug scrute non tant les dangers du nucléaire que les possibles de l’utopie, du langage.

Chronique judiciaire Séverine Chevalier

Journal poétique — d’abord publié sur internet — tenant autant de la plongée dans l’intime que, au jour le jour, à une méditation sur les mécanismes de la justice, à ce que cela révèle de notre société, de la manière dont l’autrice tente, entre joies et désillusions, d’habiter le monde. Dans son apparente et rieuse simplicité, l’évidence pauvre de sa scansion versifiée, son attention au détail, l’air de rien, Séverine Chevalier laisse apparaître ses failles (l’alcoolisme, l’autiste de son fils maltraité par l’institution), mais surtout les façons dont l’écriture les réfléchit à défaut, bien sûr, de pouvoir les compenser. Chronique judiciaire à cette émouvante fragilité du témoignage, de l’inscription qui cherche sa forme, sans heureusement, pensons-nous, entièrement la trouver, s’y cantonner.