Le rat d’égout Nuril Basri

Les conséquences de raconter, dans une autre langue, sa vie et ses amours. Entre ironie, distanciation et auto-apitoiement, sous une fausse simplicité, dans une langue d’une banalité de prime abord agaçante, Le rat d’égout questionne ce que l’on attend d’un récit, nos perceptions de la littérature mondialisée et indonésienne, mais aussi des très grandes difficultés de dire son homosexualité dans son propre pays, de s’inventer sa propre récit dans les ambivalences de la séduction. Nuril Basri signe ici un roman bien plus malin qu’il n’y paraît.

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Le dernier rêve d’Emily Dickinson Stamatis Polenakis

Fine évocation, onirique, à l’écoute de cette conversation permanente — poétique — avec le monde de la forclusion, d’Emily Dickinson. Par une ultime conversation, inventée peut-être pour permettre la précision, la patiente et renseignée reconstruction d’un profond cheminement intellectuel, de ses insomnieuses souffrances, ses pertes et, parfois, ses illuminations. Le dernier rêve d’Emily Dickinson est un texte très bref, au plus près des fluctuations, un hommage sensible. Stamatis Polenakis y parvient à mélanger le commentaire de l’œuvre, la réflexion sur la poésie et une méditation sur ce que l’on sait de la vie d’Emily Dickinson.

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Le petit roi Mathieu Belezi

La violence et l’enfance, la survenue, en ritournelle, de ses incompréhensions, désirs et déchaînements, douleurs surtout. Dans une langue ciselée, dans un savant découpage des réminiscences des déchirures parentales qui ont conduit le jeune Mathieu à être confié à la garde de son grand-père, Mathieu Belezi se tient au plus près, entre rudesse et tendresse, de cette histoire au sombre éclat. Le petit roi parvient à mettre en mots l’ordinaire souffrance, son absence d’issu.

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L’ami Butler Jérôme Lafargue

Jusqu’où la fiction influe dans nos vies, lui sert de refuge, de point de fuite, à quel point ses dédoublements deviennent révélateurs de nos névroses ? Ce premier roman très malin, joueur et rythmé, léger précisément pour aborder la gravité et la maladie, de Jérôme Lafargue entraîne le lecteur dans un univers d’illusion, dans un labyrinthe textuel drôlatique où un auteur invente des vies à des écrivains qui ne tardent pas à venir le persécuter. À sa délicieuse habitude, Jérôme Lagargue rend perméable les frontières de la réalité, plonge le lecteur dans la reconstitution d’une vie pour retracer la sienne, s’y effacer aussi. L’ami Butler une délicieuse fantaisie sur le phagocytage qu’est toute création.

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Une météorite nommée désir Lucien Raphmaj

Cosmogonie(s) du désir, de son absence, de son imminence, de sa sidération, de son désastre aussi : désidération. L’invention du ciel comme on rêve, on théorise (on relie les points d’une constellation) d’une contre-nuit, d’un contre-ciel comme à l’écart des angoisses, de leurs technologies, de leurs images, contemporaines dont ce roman se fait, pour ainsi dire, techno-prophète. Sous ses allures de scénarios de film, sous ses dehors d’un monologue halluciné, au seuil du solipsisme, Une météorite nommée désir interroge la finalité (le sens et la possible révélation) de tout récit. Dans un dense réseau de métaphores, dans un parasitage parfois de la narration par le commentaire, Lucien Raphmaj donne à voir ce que serait l’espoir du ciel, nos inquiétudes de la fin du monde, pour mieux interroger nos coupures du cosmos dans un monde sans désirs.

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