Les terrasses d’Orsol Mohammed Dib

Le silence, ses signes et presciences, les cauchemars et autres masques comme traversée des faux noms, mascarades sociales, d’un homme en exil, comme égaré dans les hallucinations de la réalité, les peurs enfouies d’une société à la trop ostensible perfection. La réédition de Les terrasses d’Orsol, ce classique de la littérature algérienne, initialement publié en 1985 permet au lecteur de découvrir ce flottement quasi métaphysique, kafkaïen pour employer des adjectifs usés, dans lequel un homme tente d’effleurer la réalité de ce qu’il est. Dans ce monologue d’une densité délirante, dans ces belles percées d’une pensée à la troisième personne, dans cette obsession d’une fosse où seraient relégués les mauvaises consciences d’une citée par trop idéale, Mohammed Dib fait entendre les insupportables silences d’où s’élancent toute littérature.

Lire la suite « Les terrasses d’Orsol Mohammed Dib »

Inachevée, vivante Pierrine Poget

L’intime dans ses déchirures et maternité, ses amours et enthousiasmes, l’existence enfin dans l’écoute. Admirables et sensibles notations poétiques sur une douloureuse expropriation de soi par une expérience de maltraitance dont, sans apprêt, Inachevée, vivante restitue la sidération pour mieux dire ensuite toutes les possibilités de refus, l’insatiable potentialité de douceur quand enfin revient la possibilité de percevoir. Tout de fugacité, de notations qui saisissent les échos de l’instant, ce livre qui tient de l’essai et du carnet, du témoignage et de la réflexion sur la féminité, ce très joli livre de Pierrine Poget exerce une vraie séduction par sa spéculative traversée des illuminations.

Lire la suite « Inachevée, vivante Pierrine Poget »

Le vent léger Jean-François Beauchemin

La poursuite de la joie, de l’écoute et de la poésie, dans une sorte aussi de métaphysique d’une candeur émouvante, dans surtout une fiction pour dire cette perte, cette conscience de la mort et du temps qui anime chacun des fragments du Vent léger. Dans ce retour, légèrement fictionnaliser, sur l’automne de 1971, dans sa si sensible façon de raconter la mort de la mère, la fin de l’enfance, Jean-François Beauchemin éclaire la gravité sous-jacente de cette revendication d’une joie par un contact à la musique, à Nieztsche, à la poésie, à la perception du monde alentour, à cette nécessité, tour à tour bête et belle, d’être ensemble, de se réjouir de ce qui s’enfuit.

Lire la suite « Le vent léger Jean-François Beauchemin »

Musique adorable Didier Da Silva

Évocation sensible, musicale forcément mais surtout pleine de silences, de sautillantes et ironiques ellipses, de la déveine et des aléas d’une vie d’Emmanuel Chabrier rendue dans une admirable, adorable, composition. Entre académisme et modernisme, vie petite-bourgeoise d’un rentier et approche d’une inspiration que les conditions matérielles (les mauvais vers des livrets, les déboires des représentations) rendent absolument aléatoire, Didier Da Silva restitue les moments et oscillations d’un homme, le ridicule et le risible de ses instants, la fragile grandeur aussi du destin d’un homme assez mesquin, mystérieux, hasardeux.

Lire la suite « Musique adorable Didier Da Silva »

Une sorte de lumière spéciale Maude Veilleux

Où l’on retrouve toute la colère, la conscience sociale, éclats et enthousiasmes, fulgurance et désespoir, le contemporain aussi et, surtout, comment tenter de canaliser tout ceci dans le fracas des mots et le heurt des vers, des poèmes de Maude Veilleux. Conçu comme un diptyque, Une sorte de lumière spéciale creuse, et calme, Last Call les murènes, repart de cette impossibilité de quitter le pays natal, d’échapper à sa condition sociale, la difficulté également de continuer à se penser dans l’altération de la poésie. Dans ce beau recueil, Maude Vielleux saisit les ombres de ses sentiments comme pour mieux, si nous ne craignons la pesanteur de l’image, les baigner dans la luminosité d’une contondante évidence.

Lire la suite « Une sorte de lumière spéciale Maude Veilleux »