

La violence et l’enfance, la survenue, en ritournelle, de ses incompréhensions, désirs et déchaînements, douleurs surtout. Dans une langue ciselée, dans un savant découpage des réminiscences des déchirures parentales qui ont conduit le jeune Mathieu à être confié à la garde de son grand-père, Mathieu Belezi se tient au plus près, entre rudesse et tendresse, de cette histoire au sombre éclat. Le petit roi parvient à mettre en mots l’ordinaire souffrance, son absence d’issu.
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Jusqu’où la fiction influe dans nos vies, lui sert de refuge, de point de fuite, à quel point ses dédoublements deviennent révélateurs de nos névroses ? Ce premier roman très malin, joueur et rythmé, léger précisément pour aborder la gravité et la maladie, de Jérôme Lafargue entraîne le lecteur dans un univers d’illusion, dans un labyrinthe textuel drôlatique où un auteur invente des vies à des écrivains qui ne tardent pas à venir le persécuter. À sa délicieuse habitude, Jérôme Lagargue rend perméable les frontières de la réalité, plonge le lecteur dans la reconstitution d’une vie pour retracer la sienne, s’y effacer aussi. L’ami Butler une délicieuse fantaisie sur le phagocytage qu’est toute création.
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Cosmogonie(s) du désir, de son absence, de son imminence, de sa sidération, de son désastre aussi : désidération. L’invention du ciel comme on rêve, on théorise (on relie les points d’une constellation) d’une contre-nuit, d’un contre-ciel comme à l’écart des angoisses, de leurs technologies, de leurs images, contemporaines dont ce roman se fait, pour ainsi dire, techno-prophète. Sous ses allures de scénarios de film, sous ses dehors d’un monologue halluciné, au seuil du solipsisme, Une météorite nommée désir interroge la finalité (le sens et la possible révélation) de tout récit. Dans un dense réseau de métaphores, dans un parasitage parfois de la narration par le commentaire, Lucien Raphmaj donne à voir ce que serait l’espoir du ciel, nos inquiétudes de la fin du monde, pour mieux interroger nos coupures du cosmos dans un monde sans désirs.
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Notre maison atlantique à travers la perception, les mots dont les recouvrir, de quatre personnages esseulés à ses abords. Roman délicat sur nos liens, les silences qui les alimentent, les flottements et les incertitudes qui nous relient, les poissons aussi qui hantent cette surface maritime à l’obsédante présence. Au sein des interstices, des instants sceptiques, Romane Bladou déploie un joli quatuor de portraits de personnages qui habitent, et interrogent, leur proximité à la mer, à la vie. Atlantique-nord navigue dans une acidulée mélancolie, ce flottement où nous percevons.
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Mc Coy et ses démons, les manipulations de son copain Cooper, d’un grand malade qui renseigne l’histoire de la torture et son inscription dans le contexte écossais. Les morts d’avril, simplement, se révèle un polar impeccable autant qu’implacable : sur une trame très classique (une double enquête qui très vite se trouve liée), sur une usuelle préoccupation sociale, Alan Park parvient à captiver le lecteur, l’entraîner dans la noirceur et la tension d’un Glasgow jamais reconstitué mais restitué, tel un ulcère, dans ses pubs et ses clubs de boxe, dans les interstices de la vie quotidienne que le roman parvient si bien à saisir.
Lire la suite « Les morts d’avril Alan Parks »