Les oiseaux du temps Amal El Mothar & Max Gladstone

Les tresses du temps, ses altérations et ses amours antagonistes. Roman complexe, souvent difficile à suivre, cette correspondance entre deux combattantes de deux camps ennemis se veut réflexion sur ce qui nous lie, l’intemporel de l’attraction et de la fin. Une lecture en demi-teinte que celle des Oiseaux du temps tant Amal El Mohtar et Max Gladstone m’ont semblé trop vouloir en dire et égaré, au final, le lecteur dans une multitude d’univers parallèles dont aucun n’accroche vraiment.

Un roman qui vous interroge ne saurait être totalement mauvais. Il m’a fallu m’y remettre à plusieurs fois pour entrer dans l’univers singulier des Oiseaux du temps. Et encore, jamais totalement. La lecture ou le sentiment de l’extériorité, de contemplation de loin d’éléments qui vous touche peu. Sans doute parce que vous manquer des références pour en entendre les implications. Peut-être ne suis-je simplement pas du tout le public adéquat pour ce roman. Un roman qui vous reste extérieur à la vertu de fixer un peu moins mal l’éclectisme de vos goûts, d’en voir aussi la stupidité. J’aime avoir des points de références, des repères visuels disons connus pour pouvoir me représenter les scènes, comprendre les métamorphoses psychologiques des épreuves des différents personnages. C’est plutôt plat, je n’en disconviens pas. La lecture comme épreuve, exercice de sortie de ses pauvres présupposés. Pourquoi pas. Tentons.

La correspondance est une sorte de voyage dans le temps, tu ne trouves pas ?

Les oiseaux du temps emprunte la forme du roman épistolaire pour dire la passion à distance de deux combattantes, l’une de l’Agence, l’autre de Jardin. Deux univers diamétralement opposés. L’idée de Jardin présente certain point séduisant, disons une projection dans un avenir souhaitable, une écologie de rhizome, un lien enfin établi entre nature et individu, sans limite. Les deux combattantes sont chargées de maintenir l’avenir par de perpétuels sauts dans le temps, entre une pluralité de plurivers, assez joliment appelé tresse. Chacune de leur manipulation donne un autre avenir. Chaque siècle devient plusieurs, Bleu et Rouge navigue sans cesse entre des versions divergentes de l’Histoire. Un jour leur combat ouvre un dialogue. Avouons, si on parvient à se repérer dans cet univers si souvent trop brièvement décrit (avec souvent une écriture sur-signifiance, un vocabulaire qui peine à faire image, des phrases trop clinquantes : « Les étoiles qui sont des yeux la coincent entre les possibles »), qu’Amal El Mohtar et Max Gladston parviennent cependant à dire quelque chose des manipulations, de l’intérêt bien compris, du sentiment amoureux. Un voyage dans le temps, la projection d’un avenir qui sans doute ne se passera pas et, in fine, un refuge dans un passé mythique. Quelques belles notations aussi sur la faim, la solitude. Une belle inquiétude aussi par cette fouilleuse qui clôt chacun de ses fragments. On devine d’ailleurs le roman écrit comme une suite de séquences composées, comme on dit, à quatre mains. On passe de l’un à l’autre, d’une époque à l’autre. On se dit que, sans être totalement convaincante, Les oiseaux du temps reste une expérience de lecture.


Merci aux édition Mu pour l’envoi de ce roman

Les oiseaux du temps (trad Julien Bétan, 188 pages, 19 euros)

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