L’heureux retour Capitaine Hornblower 1 Cecil Scott Forester

Ample récit maritime, techniques et réaliste par ses descriptions des conditions matérielles de vie, d’une traversée du Pacifique au temps des guerres napoléoniennes. Cecil Scott Forester embarque le lecteur dans ce récit d’aventure qui, sous la froideur de son personnage, captive tant il parvient à restituer les arrangements du sombre métier de la mer.

L’heureux retour est le premier volume d’une trilogie signée par Cecil Scott Forester autour du personnage, opaque à lui-même, du Capitaine Hornblower. L’auteur parvient à nous entraîner dans ce récit d’aventures à l’ancienne par un sens du rythme des plus efficaces. Une manière de roman de l’imaginaire, de la fuite et de la reconstitution d’un univers passé qui sait en souligner, sans insistance ni pathos, ses souffrances et ses manipulations. En 1937, Cecil Scott Forester retrace la grandeur de la marine anglaise. Sa reconstitution évite l’écueil de la fidélité, marqueur d’époque qui trop souvent alourdit le roman historique. Manière habile de cacher son aspect renseigné, L’heureux retour est ancré (pardon) dans la survie au jour le jour. Le capitaine Hornblower, au large de l’Amérique Centrale, cabote, accompli des missions semi-clandestines, entre corsaire et guerrier, il est le jeu d’alliances tournantes. Le lecteur découvrira avec plaisir la vie quotidienne dans un navire : les rations de nourriture, l’eau saumâtre, le scorbut et surtout la hiérarchie et les rôles qu’elle impose.

Parfois, en dehors du plaisir simple de lire, on pourrait se demander si une des façons de lire L’heureux retour ne serait pas l’accompagnement de la naissance d’une conscience individuelle. Le roman reprend, bien sûr, la structure traditionnelle du roman d’apprentissage. Peu à peu le capitaine Hornblower devient humain, accepte ses contradictions et apprend à incarner son rôle. C’est sans doute là que marche parfaitement ce roman : l’auteur sait se fondre dans la conscience de son personnage sans anachronisme. Dureté d’un capitaine, indifférence aussi au sort de ses hommes, capacité à leur éviter les sévices corporels sans jamais remettre en cause son autorité. Horatio Hornblower évolue ainsi dans une certaine inconscience à lui-même. Les nombreuses péripéties du roman servent alors de révélateur à ce qu’il aspire à être. Entre crainte et respect, imposer aux hommes ce qu’il est. Une sorte de folie acceptée face à celle d’El Supremo, ce colonel Kurtz d’autres ténèbres. Le capitaine est censée le soutenir pour affaiblir l’Espagne et combattre ainsi la France. Cecil Scott Forester parvient alors à nous faire partager de belles batailles navales, leur complexité et leurs aléas. Toujours dans une structure romanesque très classique, Hornblower rencontrera ensuite l’autre épreuve de l’affirmation de soi : un amour contrarié. Autre révélateur des rôles dans lequel enfermait la société. Le capitaine tombe éperdument amoureux de Lady Barbara, une ombre qui hantera la suite de ses aventures. N’en disons point trop, laissons au lecteur le plaisir de s’absorber dans cette bien belle lecture estivale.


Merci à Folio Gallimard pour l’envoi de ce roman

L’heureux retour (trad Louis Guilloux et René Robert, 331 pages)

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