Malamute Jean-Paul Didierlaurent

Une tempête de neige, les secrets ressurgissent. Sur une trame un rien attendue, dans une prose très explicative, Jean-Paul Didierlaurent entraîne son lecteur dans un polar sympathique, à la douce et décontractée efficacité. Malamute : un roman divertissant.

Il faut bien le dire, ma lecture fut un rien retenue par l’aspect très explicatif. Chaque personnage est décrit physiquement, il en découle une psychologie simpliste, des traumas que le lecteur sait en cours de résolution au fil de l’intrigue. Un vieillard bougon, un jeune homme hanté par une mort accidentelle, une jeune fille de retour dans la ferme dont ses parents ont été chassés. On passe sur le prêtre congolais qui ne supporte pas la neige et qui parle avec un accent digne des pires caricatures racistes. On passe, mettons, sur la quasi-absence de regard social (hormis la fille de Germain, le vieillard, femme d’affaires et donc tyrannique). Une station de ski quelque part dans les Vosges, une atmosphère de polar régionaliste. Jean-Paul Didierlaurent ne s’interroge jamais sur la nécessité de ce ski, cette absurdité de la société du spectacle et ce désastre écologique pour que quelques privilégiés puissent s’amuser.

Et pourtant, malgré ou grâce hélas comme le soulignait Alice Zeniter, le récit fonctionne et on s’y laisse prendre. Certes, on devine assez rapidement les retournements de situations. Mais, on peut se laisser prendre à cette atmosphère refermée sur elle-même. L’auteur parvient, comme on dit, à camper Germain, un vieil homme à l’indépendance farouche, forestière. Une atmosphère feutrée s’installe pourtant, une certaine tension dans le récit dans sa manière d’alterner le journal d’une installation malheureuse et celle plus heureuse, amoureuse. Quand la neige arrive, déborde tout, la sauvagerie réclame son lot de chair fraîche. La légèreté avec laquelle le polar envisage le malheur, propose souvent une manière de s’en sortir. Malamute, un divertissement auquel certains, j’imagine, se laisseront prendre.


Merci aux éditions Au Diable Vauvert pour l’envoi de ce roman.

Malamute (354 pages, 18 euros)

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