Chateau de cartes Miguel Szymanski

Plongée dans les bassesses de la haute finance portugaise. Un banquier est enlevé, son système, crapuleux, s’écroulerait sans les indéfectibles soutiens institutionnels qui le renflouent pour mieux masquer l’étendu des dégâts. Pour son premier roman, Miguel Szymanskim en place sa palette de connaissance d’ancien journaliste économique pour mieux nous livrer une radiographie d’un pays et de tout son système. Château de cartes, un polar sympathique, divertissant.

Avouons d’abord avoir eu quelques réticences à entrer dans l’univers de ce roman. Sans aucun doute cela ne vient que de nous : un profond désintérêt pour les coulisses du pouvoir, leurs manipulations me laissent de marbre, je m’identifie peu à ceux qui en fantasme les crasses. Château de cartes propose d’entrée dans la finance portugaise. On sent parfois que son auteur se laisse un rien aller à une idéale identification à son personnage principal qui, comme il l’a été, est journaliste économique. Il navigue entre le Portugal et l’Allemagne. Pour dire la finance, peut-être faut-il se placer dans ce village-monde globalisé, uniforme en apparence. C’est d’ailleurs une des façons d’entrer, comme on dit, dans ce roman. Par sa description du Lisbonne mondialisé, devenu terrain de jeu pour riches bourgeois occidentaux qui s’offrent du pittoresque à bas coût, impose une gentrification sans âme. Une vision contemporaine peut-être un rien stéréotypée, qui facilement peut laisser place à la résignation, ou une passive acceptation planquée derrière une mélancolique nostalgie. Pas trop mon truc.

Et pourtant, à ma grande surprise, le polar a fini par fonctionner. On se laisse prendre à cette intrigue. Celle d’un homme seul luttant, sans trop y croire, pour dévoiler une vérité qui, in fine, se révélera indicible. Vieille histoire qui parfaitement fonctionne. Les ambiguïtés de Marcelo Silva, chevalier blanc au train de vie dispendieux. Ce qu’il reste de ses festives amitiés. Et là dessus le système bancaire décrit comme une pyramide de Pozzi (placer de l’argent qu’on ne possède pas, trouver toujours de nouveaux clients) comme métaphore, voire incarnation, de notre système actuel. De belles notations aussi sur la relation quasi mafieuse encore entretenue entre le Portugal et l’Angola. On lira avec plaisir les prochains volumes de Miguel Szymanski.


Merci aux éditions Agullo pour l’envoi de ce roman.

Chateau de cartes (trad : Daniel Matias, 309 pages, 22 euros)

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