La fille du train Paula Hawkins

Le premier roman de Paula Hawkins a jouit d’une large et bonne réception. Sa construction est admirable. Peut-être un peu trop.

L’idée de départ de ce roman, qui verse un peu trop dans le thriller pour moi, est admirable. Elle reprend cette tendance du narrateur peu fiable, de la projection d’hypothèses mélancoliques. Rachel une des trois narratrices de ce roman habilement centrée sur les femmes s’ennuie dans le train, regarde la vie des gens du dehors et leur imagine une vie. Pulsion ancienne, au moins depuis les fenêtres baudelairiennes.

Hélas, le drame est très rapidement enclenchés dans des chapitres courts et calibrés. Certes séparés (il ne faudrait pas perdre le lecteur) par les très bonne idée du mouvement pendulaire qui qualifie tant de nos journées. Le doute s’immisce avec un certain talent. Après tout, pourquoi pas boire un verre dans le train de retour, un vendredi soir ? Du gin-fizz en canettes laisse pourtant pressentir le peu de fiabilité de ce témoin imaginatif. La rendre amnésique me semble pourtant charger le trait. Pourquoi pas un dédoublement de personnalité du narrateur ? Une façon de forcer un peu la sympathie du lecteur.

Le thriller repose sur des ficelles. Le lecteur est promené. Il finit par s’en agacer. La narration de La fille du train me paraît plein d’obstacles un peu artificiels.

Reste alors un portrait de femme, un visage des femmes au foyer anglaise que peinait à rendre Gavron. Morne ennui des trois protagonistes féminines. Une situation sans échappatoire au fond d’une banlieue pavillonnaire aisée. Les motivations des personnages, conformes bien sûr à l’économie du thriller, me paraissent manquer un peu de finesse : le désir d’enfants, le mari mythomane… Et pourtant le roman fonctionne admirablement.