L’ange rouge François Médéline

Du sang et des visions, une traque rythmée par ses seuils d’hallucinations, ses vertiges et autres manipulations. Dans une écriture souvent percutante, expéditive, François Médéline emporte son lecteur dans Lyon 1998 plein de blacks-blocks et de type du GUD, de traumas surtout dans cette plongée dans une psyché aussi maladive chez son inspecteur que chez son tueur sadique.

La première chose à noter dans ce polar loin d’être déplaisant est la rare tenue de son écriture. En parler revient hélas à en souligner quelques tics. François Médéline parvient à s’extraire de la gangue du polar franchouillard par sa langue qui ne craint pas, comme ses glorieux modèles anglo-saxons (David Peace ou James Ellroy) la répétition. Phrases brèves, au passé composé, au plus près de l’instant et de son basculement. Le lecteur repère facilement ce tic d’écriture, l’auteur sait ne pas trop se laisser prendre au « j’ai vu :… j’ai senti, je suis parti…» Par une idée toute simple, très efficace, François Médéline change de support pour faire partager le ressassement comment à Dubak et au tueur. Enregistrement audio de phrases entrecoupées captées chez le psy et, attention aux âmes sensibles, visionnage de vidéos susceptibles d’expliquer le trauma castrateur du tueur.

L’ange rouge joue aussi du décalage. Son action se situe en 1998, sans doute pour réactualiser ce bon vieux poncif du polar : à l’époque tout était plus crade, on s’arrangeait davantage avec la procédure. Peut-être après tout. L’inspecteur Dubak, en tout cas, lutte contre son addiction attrapée après son passage au Stup. Il est soutenu par le beau personnage de Mamy, accro aux Haribo. Toute son équipe poursuit un tueur qui dessinent de funèbres et fantasmatiques orchidées sur ses victimes. Tout le plaisir de ce polar tient à sa distanciation avec la réalité. François Médéline nous plonge dans les hallucinations de son inspecteur, dans ses prémonitions du pire, dans une enquête qui se réduit à une traque pleine de peurs et de fantômes. Et ça marche. Les blessures des collègues en regard des traumatismes du tueur. On se laisse prendre.


Un grand merci à La manufacture de livres pour l’envoi de ce roman.

L’ange rouge (506 pages, 20 euros 90)

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