Les yeux cousus Mona Malacar

Lisbonne en aveugle, comme une broderie — au toucher. La vie d’une vieille femme qui, délogée par la touristique gentrification de sa ville, se trouve de l’autre côté du fleuve et continue, aveugle donc, à vendre ses broderies, à regarder l’inanité plastique de notre confort. Mona Malacar signe une brève évocation de cette ville en mutation, les bouleversements imposés à sa pauvreté, et parvient à donner chair au délitement des jours, leur succession et surtout leurs sensations évaporées. Les yeux cousus ou les chiens, les sauts, les barques et les ouvrages ; la vie telle qu’elle s’en va.

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Notes sur l’art de se vaincre Guillaume Bunel

Les mutations de nos figurations mortelles, les instants de dépassement dans un évanouissement qui nous en font toucher le néant, les découvertes scientifiques pour mieux en toucher la grouillante, fascinante matérialité. Entre notes de lectures, rêveuses fiction, miroir de nos infinis, Notes sur l’art de se vaincre offre aussi une promenade érudite sur nos inquiètes, destructrices, façons de figer l’instant, de le percevoir idéalement comme une mystique, a minima une présence de l’absence. Guillaume Bunel passe d’un récit à l’autre, d’une tradition à l’autre, pour saisir notre perduration comme si nous étions fourmis sidérées par la mélopée de nos aveuglements, de nos mythiques métamorphoses.

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Le joueur Emmanuel Régniez

Portrait du poète en joueur, amnésique, masqué derrière sa mélancolie. Vertige de la dépersonnalisation, ivresse du jeu, de l’inventif oubli de soi. Poèmes de fragments, d’une perte de soi comme un pari sur la fausseté de la fiction, la vérité des masques, d’une fixation visuelle, aussi, d’instantanés. Dans ce mince recueil, d’une grande simplicité apparente, Emmanuel Régniez poursuit son travail de fixation des instants de fêlures, des basculements disent, qui sait, tous les possibles d’une existence. Le joueur ou la saisine de ce qui se répète, tente toujours de se dire autrement : la littérature.

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Faut-il éteindre les néons Anne-Rebbecca Willing

Un bar ferme et, dans le clignotement d’un néon exténué, c’est la soif d’absolu de ses clients qui s’illumine. Voix des néons qui voient tout, du barman qui écoute, d’Arthur qui attend de s’emplir de la lumière des autres en picolant soir après soir, de Bethsabée qui tait ses tacites voyages, d’un dernier qui vient seulement pour effacer un record dans une borne de jeu vidéo: dans son premier roman Anne-Rebecca Willing parvient à saisir tout ce qui nous anime juste avant la fin. Faut-il éteindre les néons, lucide et mélancolique et aveugle comme au bistro, capte finement les déguisements de nos désirs d’absolu.

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Aux objets tu peux te confier Jeanne Borensztajn

Prendre le temps de raconter une histoire, de se mettre à l’écart du temps, de la norme, se confier aux objets, à la poussière, pour révéler ce que l’on aurait pu être. Subtile dystopie, portrait de nos enfermements salariaux remplaçables, Aux objets tu peux te confier offre une jolie préservation de la possibilité de se dire, pas tout de suite, pas totalement.

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